Etant donné la quantité de chanvre produite à Plobsheim au 19e siècle, il y avait un besoin conséquent de bassins de rouissage. Les cours d'eau de la commune n'y suffisaient pas ou étaient mal adaptés car le courant emportait les gerbes. De plus, du fait de la canalisation progressive du Rhin, les bras morts du fleuve qui étaient utilisés jusque-là commençaient à se dessécher.
En effet, la canalisation du Rhin a été entreprise dès 1817 par l'ingénieur allemand Johann Gottfried Tulla (voir article sur les bornes Tulla). Les travaux consistaient à endiguer et rendre plus rectiligne le lit du fleuve, notamment en coupant de nombreux méandres dans le but de faciliter la navigation et de prévenir les crues.
Le 4 mai 1845, le conseil municipal de Plobsheim a entamé les démarches administratives en délibérant sur l'établissement d'un routoir dans le secteur de la Niederau. S'y trouvait un pâturage communal, dans une zone plutôt humide. Avec une demande de prise d'eau dans le Bannaugiessen pour alimenter le routoir.
Les démarches administratives ont été fastidieuses et ont duré sept longues années. Le nombre de courriers échangés durant cette période (retrouvés dans les archives du Bas-Rhin) avec la Préfecture et les Ponts et Chaussées est considérable: l'administration était déjà bien tatillonne! Il faut dire qu'il y a eu des modifications de taille de bassin qui entraînait un besoin d'eau plus important. Ce changement risquait d'avoir une influence sur l'alimentation en eau du moulin de la Ganzau. Une enquête a donc été lancée. La question de salubrité publique s'est aussi posée: ces eaux stagnantes, fétides présentaient-elles un risque de maladie? A ce dernier point, la commune a répondu que la plus proche habitation se trouvait à plus de 500 mètres du futur routoir.
C'est finalement en 1852 que l'autorisation a été accordée, par décret signé par Louis-Napoléon, Président de la République, pour la construction du routoir et du barrage avec une alimentation en eau autorisée entre le 15 août et le 15 septembre. Hors de cette saison, le barrage devait être ouvert et la vanne fermée à clé, la clé de la vanne étant déposée à la mairie.
Deux bassins ont donc été construits et sur le Bannaugiesen, le barrage à poutrelles (que l'on appelle en alsacien "Butrelle") ainsi que la vanne et les aqueducs pour faire passer l'eau sous les rues de la Niederau et de l'Etang.