10. Des prisonniers allemands à Plobsheim

Après la capitulation de l'Allemagne le 8 mai 1945, des prisonniers de guerre allemands ont servi de main d’œuvre en France dans les fermes qui avaient perdu un de leurs hommes, père, fils ou mari.

Ainsi Plobsheim en a accueillis en 1945. Chaque prisonnier était affecté à une ferme pour y travailler. Le soir, ils devaient réintégrer le "Gefangenenlager», le camp des prisonniers. Il s'agissait d'un hangar situé sur la gauche tout au début de l'actuelle rue des pêcheurs -démoli par la suite-.

 

Ce fut le cas pour la famille Lutz rue de la Retraite.
Frieda Lutz, veuve de guerre, a accueilli Anton Baumgartner de Neuthard-über-Bruchsal

Ce jeune prisonnier avait demandé au garde-champêtre Frédéric Lutz, s'il lui était possible de travailler dans une ferme avec des chevaux. Il avait donc été orienté vers la ferme de Frieda qui en possédait.


Ces prisonniers allemands ont été libérés à la fin de l'année 1946.

Anton était si bien intégré dans la famille Lutz qu'il n'a pas voulu partir. A midi, il déjeunait avec la famille. Et le dimanche, le charmant jeune homme avait bien du succès auprès des jeunes filles de Plobsheim.

Comme il n'avait plus le statu de prisonnier de guerre, la famille Lutz lui a donc rédigé un contrat de travail en tant qu'ouvrier agricole. A ce moment-là, il n'avait plus à dormir dans le hangar des prisonniers. Il a donc ramené son lit de prisonnier rue de la retraite que la famille Lutz l'a installé dans le grenier pour servir de lit d'appoint, Anton ayant une chambre au premier étage de la maison.


La mère d'Anton, en Allemagne, pensait qu'il était encore retenu en tant que prisonnier. Il a finalement fini par lui écrire, après le mariage de Frieda avec Arthur Lutz (le frère du mari défunt de Frieda, Charles), en lui expliquant que sa patronne, Frieda, étant enceinte, il se devait de rester encore à Plobsheim pour aider à la ferme. Il finira par rentrer chez lui le 20 décembre 1948, quelques mois après la naissance du petit Charles Lutz.

 

Anton va rester en contact avec cette famille de Plobsheim. Il va régulièrement revenir et entretenir par la suite le contact par le biais de courriers et même de photos.

Il semblerait que la famille Lutz soit la seule de Plobsheim à être restée en contact avec un prisonnier qui, il est vrai, est resté plus longtemps que nécessaire et a donc eu le temps de tisser des relations fortes avec cette famille de substitution lors d'une période fort troublée.

 

Un autre prisonnier allemand a trouvé la mort à Plobsheim en 1946 : se sachant libéré, il a voulu rentrer en Allemagne le plus vite possible. Il a profité d'un travail le menant du côté du Rhin pour partir à vélo. Ne sachant pas nager, il a démonté les pneus, récupéré les chambres à air qu'il a mises autour de sa taille et après les avoir regonflées, il a voulu traverser le Rhin à la nage. Malheureusement il s'est noyé.

 

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