En automne 1943, à la fin des 6 mois règlementaires du RAD, toute l'équipe du camp de Horessen a été envoyée dans une fabrique d'ampoules à Frankfort, y compris les deux camarades alsaciennes, mais pas Denise. "Moi seule j'ai été envoyée à Berlin dans une usine de munitions. Pourquoi ? Je n'en sais rien !"
"J'y étais avec une Strasbourgeoise originaire du Neuhof, qui venait d'un autre camp du RAD. Nous étions à nouveau logées dans un baraquement en bois. Nous étions nombreuses. Il y avait de belles Polonaises.
A l'usine, nous remplissions les munitions pour mitrailleuses de poudre. Tous les soirs, il y avait des alarmes de bombardement. On avait un coffre devant le lit avec notre nom. Dedans, la valise était prête en permanence pour pouvoir se précipiter dans les caves de l'usine. 
Pendant les 6 mois de KHD, nous n'avons eu droit qu'à une seule excursion, en groupe et accompagnées de la cheftaine et d'un directeur d'usine. Nous ommes allés au palais rococo Sans Souci à Berlin. Sur la photo, on peut voir des Polonaises, notamment à gauche. Nous avions bien essayé de prendre le tram jusqu'au centre ville, mais les magasins n'avaient plus de fenêtres et il faisait aussi froid à l'intérieur qu'à l'extérieur !"
Son père, à Plobsheim, faisait du pain et avait réussi à en confier à un Allemand de passage pour qu’il l’amène à sa fille à Berlin.
"Il avait fait un bel effet avec son manteau en cuir noir ! J'ai partagé le colis avec mes camarades !"