A partir de 1942, aux six mois de RAD succèdent 6 mois de « Kriegshilfdienst », ou KHD, service d'auxiliaire de guerre en français. La durée totale d'incorporation des femmes est donc de douze mois. En 1944, la durée du service des femmes, RAD + KHD, passe de douze à quatorze mois car les pertes sont importantes sur le front russe.
Les femmes sont partout où manquent des hommes et mènent une vie de militaire sous les bombardements et les attaques aériennes: les nuits sont courtes, la nourriture insuffisante et le travail harassant : jusqu’à 10h par jour, 60 heures par semaine. Certaines se retrouvent dans des hôpitaux ou encore dans les transports publics, chemins de fer et les tramways : le travail consistait essentiellement à vendre les tickets, plus rarement à conduire le tramway. Ce travail était moins pénible physiquement mais les bombardements intensifs des villes allemandes et l'ordre de ne jamais quitter son poste de travail rendaient la mission périlleuse.
Les besoins de la guerre se faisant pressants à l'automne 1942, 60 % d’entre elles sont employées dans des usines d'armement, de munitions, de produits chimiques. Certaines se retrouvent dans la défense antiaérienne, et à partir de 1943, dans la Marine et la Luftwaffe.
Sous commandement militaire, les jeunes filles sont en uniforme et sont soumises au même régime que les hommes. Elles portent une plaque d'identité, un grade, et possèdent un Soldbuch. Elles touchent une solde qui varie en fonction de l'affectation : de 0,20 Pfennigs à 1 Mark par jour, inférieur au salaire des civils ou des STO Français.
Les usines étant classées « secret défense », l'interdiction de divulguer son lieu de travail explique le manque d'images témoins de cette période.
Dans les usines, elles sont entourées de dizaines de milliers de travailleurs étrangers, prisonniers de guerre ou capturés dans leurs pays, déportés et asservis, comme elles, à l'ennemi. On estime à plus de 6 millions de travailleurs étrangers en cette période en Allemagne. Toutes ces personnes doivent être nourries et logées. Ces travailleurs souffrent de la faim, du froid, des maladies et des mauvais traitements. Classés selon une hiérarchie de valeurs nazies, les travailleurs forcés des pays de l'Est sont encore plus mal traités que ceux de l'Ouest. Les Alsaciennes, malgré l'interdiction de leur parler, arrivent quelquefois à faire comprendre par des mimiques et des gestes, qu'elles non plus ne sont pas Allemandes.
D'autres se retrouvent comme auxiliaires dans la Kriegsmarine ou encore dans la Luftwaffe pour servir dans la FLK entre 1943 et 1944. Elles apprennent à manipuler des projecteurs et des appareils acoustiques afin de repérer les avions des Alliés qui viennent bombarder les villes allemandes durant la nuit, de manière à ce que les canons de la FLAK puissent les abattre (l'artillerie antiaérienne). En cas d'alerte, elles doivent se précipiter à l'extérieur pour prendre position à leur appareil et en cas d'attaque, elles se jettent dans un trou, leur trou personnel (Ein-Mann-Loch) creusé dans le sol pour se protéger des bombes.
L'éloignement familial, le travail physique, le manque de sommeil à cause des bombardements nocturnes, la nourriture insuffisante et de mauvaise qualité, rendent particulièrement pénibles leurs conditions de vie.
Le seul jour de repos est le dimanche. A cette occasion, elles sont nombreuses à parcourir des kilomètres à pied pour se rendre à la messe.
L'amitié et la camaraderie entre les filles adoucissent quelque peu ces moments difficiles.
Sur les 15 000 Malgré-Elles Alsaciennes et Mosellanes, environ 1000 sont décédées, en général dans les bombardements.