L'ancien hangar à battage, le "Maschineschopf"

A l'emplacement de l'actuelle caserne des pompiers se trouvait jusqu'en 2005 le "Maschineschopf", le hangar communal, construit en 1935. Ce hangar servait de lieu de rangement pour la batteuse, la "Dreschmàschin" en alsacien. Celle-ci permettait de séparer les grains de l’épi de céréale de manière mécanique.

La batteuse de Plobsheim appartenait à la caisse du Crédit Mutuel de Dépôt et de Prêt, "Spàr ùn Dàrlehnskàss", qui louait encore d’autres machines agricoles. Il fallait être client du Crédit Mutuel pour pouvoir en profiter. Le premier modèle de batteuse était actionné par une "locomobile" à vapeur.

 

 

 

Dès le début des moissons, les "petits" exploitants agricoles, c'est-à-dire ceux n'exploitant que quelques ares de céréales, amenaient au hangar communal les charrettes remplies de gerbes d'avoine, de seigle, de blé ou encore d'orge . Dans la poussière et le bruit du moteur, toute une équipe s'activait pour couper les liens des gerbes, alimenter la mécanique, s'occuper des sacs à grains et récupérer la paille. Le battage durait environ une à deux heures. L’entraide était courante pour que cela aille au plus vite car tout était planifié pour que la machine prenne ensuite le chemin des  fermes.

Près du hangar, rue de la Forêt-Noire, se trouvait un débit de boissons qui était très apprécié, les jours de battage, pour sa bière et sa limonade !

 

Ensuite on sortait la batteuse du hangar, à l'aide de chevaux puis, plus tard, avec un tracteur, pour poursuivre le travail de battage directement dans les cours des grandes fermes.

La tournée de la batteuse différait d’une année à l’autre, démarrant tantôt au nord du village, tantôt au sud. L’équipe était composée de douze hommes. Souvent les postes étaient attribués aux mêmes d’une année à l’autre. Chaque agriculteur aidait à tour de rôle chez les autres. Pour compléter l’équipe, des journaliers s’engageaient pour une modique somme d’argent. Le conducteur devait venir très tôt le matin pour alimenter la chaudière avec du bois ou du charbon et il fallait attendre plus d’une heure pour qu'elle soit opérationnelle. 

Des années plus tard, la locomobile a été remplacée par un moteur électrique et cela a grandement simplifié le travail.

C’était un travail très dur à cause de la poussière et de la chaleur dans la grange. Les souris, dérangées, couraient dans tous les sens. Ceux qui se trouvaient sur le tas de céréales nouaient le bas de leur pantalon pour que les rongeurs ne puissent pas y grimper ! 

La journée démarrait à 6 heures avec une bonne gorgée de schnaps, le moteur de la machine ronronnait déjà. Puis les hommes rejoignaient leur poste. Vers 7h30, venait une pause d’une bonne demi-heure pour avaler du café, une soupe de flocons d’avoine ou même du vin «fabrication maison», du pain beurré avec de la charcuterie. C’était déjà le moment des premières blagues ! Le travail se poursuivait ensuite jusqu’à midi, heure du repas, très apprécié. Pour la préparation de ces repas, les voisines prêtaient souvent main-forte à la maîtresse de maison dont la réputation était en jeu. Parfois la soirée se terminait tard sur un air d’accordéon et de chants. Tous les enfants du quartier se retrouvaient pour s’amuser dans la cour. Malheureusement il fallait penser au lendemain car l’activité allait reprendre tôt le matin dans une autre ferme. 

Mais en 1959, l’arrivée de la première moissonneuse-batteuse mit fin à cette belle aventure collective.

Le "Maschineschopf" ne servant plus, il a été démoli en 2005 et remplacé par la suite par la caserne des pompiers. 

 

Sur la base de l'article du Giessen Infos n°36 : Le battage mécanique à l'ancienne à retrouver ici. 

Un grand Merci à Albert Muthig, Alfred Eckert, Auguste Sprauel et tout particulèrement à Charles Lutz

 

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